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L’endométriose : un vrai sujet maltraité par le Rassemblement national

Nous examinions ce matin dans l’hémicycle une proposition de loi du Rassemblement national sur l’endométriose, maladie chronique et pour l’instant incurable qui ne touche que les femmes et qui est une source de souffrances et de symptômes très pénalisants.

Vrai sujet, mais fausse bonne réponse, puisque la proposition du RN ne répond en rien aux attentes exprimées par les associations et les femmes qui sont touchées par cette maladie, sans doute plus de deux millions. Pire sa proposition les stigmatise.

J’ai dénoncé cette manipulation d’une proposition de loi qui singe les apparences d’une loi de progrès pour les femmes, mais qui n’est en réalité porteuse d’aucune avancée.

Profitant de cette prise de parole, j’ai également interpellé le gouvernement afin qu’il concrétise par décret la résolution de ma collègue Clémentine Autain adoptée l’an passé à l’unanimité et qui demande l’ajout de l’endométriose à la liste des affections longue durée (ALD 30).

Retrouvez mon intervention dans l’hémicycle sur le sujet

Madame la Présidente,

Monsieur, le rapporteur

Chers collègues,

La douleur des femmes a toujours été euphémisée, ou passée sous silence quand elle ne faisait pas l’objet d’une justification religieuse, voire de caricatures. En effet, le corps de l’homme a longtemps été la mesure de toute chose, pas celui de la femme, forcément « douillette » sinon « hystérique ».

Aussi, il n’est pas étonnant que l’endométriose, cette maladie qui ne touche que les femmes, et qui a pourtant été identifiée il y a déjà 170 ans, ait tant tardé à faire l’objet d’une prise de conscience collective.

Ce sont pourtant des millions de femmes, probablement entre 2 et 3 millions en France qui sont affectées par cette maladie chronique et pour l’instant incurable, source de souffrances et de symptômes très pénalisants.

Souvent diagnostiquée tardivement, elle n’est pas seulement la première cause d’infertilité. Elle bouleverse le quotidien de tant de nos compatriotes. Car si un tiers des endométrioses se stabilisent et permettent de mener une vie à peu près normale, la pathologie peut en effet évoluer vers des formes sévères, pénalisantes au quotidien : troubles digestifs ou urinaires, neuropathies, douleurs pelviennes ou abdominales parfois intenses. Une longue liste de symptômes qui peuvent être différents pour chaque patiente ce qui est l’une des spécificités de l’endométriose, spécificité qui allonge le délai pour qu’un diagnostic soit enfin posé.

Une affection qui empoisonne la vie quotidienne, mais qui pèse également sur la vie professionnelle puisqu’elle implique bien souvent des difficultés à supporter la station debout, des problèmes de concentration liés à la douleur, une fatigue chronique, autant de symptômes qui rendent le travail difficile et qui peuvent logiquement entraîner des absences fréquentes.

Une situation qui peut susciter là encore de l’incompréhension et même du mépris de la part des employeurs. Ainsi, près de la moitié des femmes qui sont atteintes d’endométrioses considèrent que leur maladie a des conséquences sur le déroulement de leur carrière.

Or, malgré ce constat alarmant, seul 0,5 % des femmes atteintes, soit 14.000 patientes bénéficient à ce jour de la reconnaissance de la pathologie comme affection de longue durée.

L’annonce d’Emmanuel Macron d’une stratégie nationale sur l’endométriose, notamment sur la recherche, a constitué un premier pas. Mais la véritable avancée a été l’adoption à l’unanimité de la résolution portée par notre collègue Clémentine Autain en janvier 2022, demandant au gouvernement sur une reconnaissance en ALD 30 de l’endométriose. Une reconnaissance permettant l’égalité de toutes les femmes quant aux conditions de remboursement de leurs soins, quelle que soit l’agence régionale de santé dont elles dépendent.

On peut regretter que le gouvernement n’ait pas profité de cette unanimité pour transformer l’essai, et qu’il n’ait pas concrétisé cette mesure qui est au coeur des revendications des associations : faire entrer par décret l’endométriose dans la liste des ALD30 afin que les patientes accèdent de manière automatique à une prise en charge complète par la sécurité sociale.

Le gouvernement leur fait perdre du temps et l’espoir.

Il a aussi offert une opportunité au Rassemblement national pour s’acheter une conduite. Il faut le dire, la liste des combats d’arrière-garde que le RN a menée est longue : contre les droits des femmes en matière d’avortement, de PMA, de déremboursement de l’IVG réputé « de confort », ou encore avec la proposition de suppression du ministère de l’égalité femme / homme. Nous reconnaissons volontiers que cela peut constituer un fardeau encombrant que le Rassemblement national voudrait, on le comprend, dissimuler. C’est le seul objet de cette loi opportuniste.

Son article 1 est en effet sans objet puisque l’ajout d’une affection à la liste des ALD relève d’un décret.

Quant à son article 2, il ne répond aucunement aux demandes formulées par les associations. Il est même une source de stigmatisation, loin des attentes des femmes qui en sont atteintes.

La proposition qui nous est faite aujourd’hui singe les apparences d’une loi de progrès pour les femmes. Elle n’est en réalité porteuse d’aucune avancée.

Des pistes existaient pourtant, pour des progrès immédiats. Elles auraient pu inspirer les rédacteurs. Je pense à l’exemplarité de la Mairie de Saint-Ouen et de son maire Karim Bouamrane qui a fait le choix de permettre à ses employées municipales souffrant de règles douloureuses ou d’endométriose de prendre un congé menstruel.

Mais les avancées concrètes ne sont pas le sujet du RN. C’est pourquoi les députés du groupe GDR ne prendront pas part au vote, mais profiteront de cette occasion pour rappeler au gouvernement sa responsabilité à prendre un décret sans tarder.

Je vous remercie.

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