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Discours de la commémoration du 8 mai 1945

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

Ce 8 mai 1945, l’Allemagne nazie est enfin défaite militairement.

Depuis longtemps déjà, la victoire des forces alliées est certaine. Les batailles de Stalingrad et d’El Alamein avait instillé le doute quant à l’invincibilité de l’armée allemande. Après celle de Koursk face à l’armée rouge en 1943, et plus encore après les débarquements alliés en Italie puis en France en 1944, l’issue ne fait plus de doute.

Pourtant, faire tomber la forteresse d’acier et de haine érigée par les nazis en Europe nécessitera encore le sacrifice de bien des vies. Et pendant les derniers mois du Reich, Hitler et ses séides, engagés dans une sorte de course au néant, continuèrent à faire tourner à plein régime les usines de mort que furent les camps d’extermination. Jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière minute.

La seconde guerre mondiale n’est pas achevée en ce 8 mai 1945. Cette boucherie planétaire qui fit 60 millions de morts dont une majorité de civils, se poursuivra encore quelques mois à l’autre bout du monde, jusqu’à l’effondrement militaire du Japon sous le poids de la terreur nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki.

Ce 8 mai 1945. Ce n’est pas seulement l’Allemagne qui capitule sans condition. C’est le nazisme. Et ce ne sont pas seulement les armées alliées qui sont victorieuses. C’est la victoire d’une vision du monde sur une autre : l’humain contre le néant, l’espoir contre la haine, l’amitié des peuples contre la rage du racisme.

C’est aussi la victoire de celles et ceux qui depuis des années ont combattu pied à pied le fascisme en Italie, le franquisme en Espagne, et les régimes de collaboration, et même de soumission comme celui de Vichy.

C’est la victoire de celles et ceux qui refusant la résignation, se sont soulevés, même lorsque c’était sans aucun espoir de succès immédiat, à l’image des juifs du ghetto de Varsovie qui prirent les armes contre leurs bourreaux. « Nous ne nous battons pas pour sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine » dira Arie Wilner, combattant du ghetto de Varsovie.

Ce 8 mai 1945, c’est donc la victoire de la dignité. Et celle de l’espoir.

Il va se répandre sur tout le continent, et sur le monde entier, alimentant notamment les rêves de liberté et d’indépendance des peuples trop longtemps soumis à la mécanique coloniale.

De cet espoir, on puisera la force d’un nouveau dessein pour le peuple de France, le moyen d’emporter de nouvelles victoires, économiques, sociales et sociétales.

Malgré l’épuisement de 5 années de guerre, on sût avec le ministre communiste Ambroise Croizat, trouver le moyen d’établir le régime général de la sécurité sociale. On assumera la nationalisation des grands secteurs stratégiques, énergétiques et industriels, indispensable pour relever les défis économiques et techniques de l’époque. On s’assurera, avec la création du statut protecteur de la fonction publique, que les fonctionnaires ne soient plus, selon la formule de Maurice Thorez, « les rouages impersonnels de la machine administrative ».

Et l’on accordera enfin le droit de vote aux femmes françaises !

Toutes ces conquêtes forment ce qui constitue aujourd’hui encore, le précieux socle de notre modèle social. Ils sont un patrimoine commun à faire vivre et à défendre contre toutes velléités de retour en arrière.

Je le dis notamment aux plus jeunes. Commémorer comme nous tentons de le faire aujourd’hui, ce n’est pas seulement honorer la mémoire de celles et ceux qui se sont battus, de celles et ceux ont souffert, qui sont morts. Nous pouvons certes leur exprimer notre peine ou notre admiration, et même nos remerciements. Mais Chateaubriand l’exprime abruptement : « Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts ; les morts, au contraire, instruisent les vivants ».

Nous sommes donc réunis ici pour entendre le puissant message qu’ils nous adressent. C’est un message de vie, mais aussi de vigilance.

À regarder le monde dans lequel nous vivons, nous sommes en effet nombreux à observer avec inquiétude bien des similitudes avec ces années 1930 qui virent naître et grandir les barbaries totalitaires fascistes et nazi. Elles ont prospéré sur de semblables peurs, les mêmes angoisses, un même appauvrissement, un même mal-être.

Dans le monde entier, la marée brune monte à nouveau. En Europe, c’est la guerre qui est de retour. Ce sont les signes redoutables d’une histoire qui bégaye.

Ne baissons pas la garde. Hissons-nous à la hauteur du message de nos anciens. Sachons, non seulement défendre, mais aussi faire vivre les valeurs universelles issues de la révolution française, cette révolution honnie par les nazis, ces valeurs qui nous unissent encore aujourd’hui : la liberté, l’égalité et la fraternité, c’est à dire les valeurs au nom desquelles le Général de Lattre de Tassigny, Commandant en chef de la 1ère Armée Française, signa ce 8 mai 1945 l’acte solennel de capitulation de l’Allemagne.

Je vous remercie.

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