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Lettre du député #14 (octobre 2021)

L’interview

Nous approchons de la fin du mandat d’Emmanuel Macron et de la législature. Quel premier bilan tirez-vous de ces quatre années ?

Ce qui me frappe, avec Emmanuel Macron, c’est qu’il pense la France comme une entreprise. Son projet est de tout privatiser ou presque : les transports, l’énergie, on le savait déjà, mais ce sont désormais la santé, la sécurité, ou encore l’école qui sont dans le collimateur. C’est une société radicalement différente qu’il veut construire, et dont le moteur est l’argent et la compétition.


En réalité, E. Macron et ses supporters vivent sur une autre planète. Ils s’imaginent qu’il suffit de « traverser la route » pour trouver du travail, ils invitent les jeunes à « rêver de devenir milliardaire » et plaisantent sur une Seine-Saint-Denis qui serait « presque la Californie ». Du coup, quand une parole publique est aussi arrogante et coupée des réalités de vie de nos concitoyens, elle s’affaiblit. Ce qui est grave, c’est que cela peut profiter à ceux qui surfent sur les haines, et surtout cela empêche de discuter sérieusement des vrais problèmes.

Justement, quels sont selon vous ces grands enjeux ?

Une question a été trop longtemps négligée et que la crise du Covid a mis en avant, c’est celle des inégalités. Nous avons par exemple pris conscience depuis le confinement que plus les métiers sont utiles et même indispensables à la société, moins ils sont rémunérés : c’est vrai des personnels soignants, c’est vrai des livreurs, des caissières ou encore des enseignants. Autre enseignement de la crise, le besoin de retrouver notre souveraineté économique. La France est devenue trop dépendante. La réindustrialisation est d’autant plus vitale que c’est aussi une exigence écologique : produire ici ce qui doit l’être.

Pour relever ces défis, sociaux et écologiques, nous pouvons compter sur deux leviers. D’abord nous appuyer sur un état stratège comme la France a su le faire par le passé, capable de penser le temps long. Ensuite, il faut donner plus de pouvoir aux salariés dans l’entreprise : ils savent mieux que les actionnaires ce qui doit être produit, de quelle façon, et comment partager la richesse créée. C’est d’ailleurs selon moi notre troisième défi. Celui d’une nouvelle République qui en finisse avec la monarchie présidentielle et qui permette que la démocratie fasse irruption dans le fonctionnement des entreprises.

Vous croyez possible de relever ces défis avec une gauche éparpillée ?

C’est vrai que le paysage de la présidentielle est très inquiétant. La droite et l’extrême-droite peuvent confisquer le débat. Je ne crois pas qu’il faille renoncer à ce que la gauche et les écologistes puissent se rassembler à la présidentielle. Il reste un peu de temps. Quoiqu’il en soit, je souhaite que nous sachions converger autour d’un pacte et de candidats communs pour les législatives.

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