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Reconnaissance du génocide des Assyro-Chaldéens

Merci Monsieur le Président,

Madame la ministre,

Mes chers collègues,

Alors que nous commémorions la semaine dernière, le 109ème anniversaire du génocide arménien, nous étudions aujourd’hui une proposition de résolution nous invitant à la reconnaissance d’un génocide qui s’y rattache mais qui a sombré dans l’oubli depuis 1925.

Longtemps ignoré, ce génocide fut perpétré par l’Empire Ottoman dès 1915 sur l’ensemble du territoire turco-persan. Plus de 250 000 Assyros-Chaldéens-Syriaques furent massacrés à raison de leur appartenance religieuse cette année-là. En 1918 les 2/3 de cette communauté avait disparue.

La France s’est montrée à l’époque solidaire des Assyros-Chaldéens et des Arméniens et a protesté énergiquement contre les persécutions et les massacres.

Les promesses faites aux rescapés de ce génocide furent pourtant très vite oubliées. En effet, au lendemain de la Guerre, dans la nouvelle carte du Proche-Orient dessinée par le traité de Lausanne, en 1923, il ne fut plus question d’une zone autonome kurde, ni d’un foyer arménien en Anatolie, pas plus que de la protection des Assyro-Chaldéens. Avec l’abandon des promesses faîtes par la France et l’empire britannique, vint l’oubli du génocide.

Nous nous réjouissons donc de pouvoir aujourd’hui réparer cet oubli, même s’il est bien tard pour le faire.

Ce génocide a pourtant été officiellement reconnu par le Parlement Suédois, aux côtés des génocides des Arméniens et Grecs pontiques, il y a un peu plus de 15 ans. En 2016, le Bundestag a adopté une résolution reconnaissant le génocide arménien, associant à cette reconnaissance les assyro-chaldéens. Cette adoption faisait suite à la présentation d’une proposition de loi de notre groupe Die Linke en 2015 qui mentionnait la population araméenne-assyrienne comme victimes de ce génocide. Déjà en 2007, l’Association internationale des spécialistes des génocides avait adopté à une écrasante majorité une résolution reconnaissant officiellement ce génocide. Ce fut aussi le cas du Parlement arménien en 2015.

Si la France a reconnu le génocide arménien il y a plus de 20 ans, elle s’honorerait aujourd’hui de reconnaître le génocide de ces anciens peuples, trop souvent oubliés, issus du berceau mésopotamien et qui ont forgé l’identité si riche de cette région.

La France n’est jamais autant le France que lorsqu’elle est fidèle à sa vocation universelle de défense des droits de l’Homme, du droit des personnes à leur histoire et du droit des peuples à la justice.

Elle n’est jamais autant elle-même que lorsqu’elle se souvient de sa triste période coloniale et des rêves des peuples qu’elle a brisé. Elle a, notamment, brisé les rêves des assyro-chaldéens en revenant, avec l’empire Britannique, sur les promesses faîtes à la fin de la première guerre mondiale de leur donner une autonomie régionale.

Au nom des intérêts supérieurs de la politique impériale, le découpage de la région faite par le Traité de Lausanne en 1923 a amorcé les conditions du chaos qu’elle connait aujourd’hui de manière tragique. Une région qui est le théâtre de conflits permanents dans lesquelles les puissances occidentales portent de lourdes responsabilités. Hier comme aujourd’hui…

Le devoir de mémoire n’a de sens que s’il nous incite à reconsidérer les périodes de notre histoire durant lesquelles nous avons piétiné les droits de l’homme et le droit des peuples.

Il n’est utile qui s’il nous porte à agir pour la paix et l’émancipation des peuples. Que s’il nous donne la détermination à lutter contre les conséquences tragiques de la haine et de l’intolérance et à tordre le bras des forces réactionnaires qui frappent aveuglement et en toute impunité hommes, femmes et enfants.

Aujourd’hui cela signifie notamment agir, en toute urgence pour un cessez-le-feu immédiat en Palestine, à stopper la folie meurtrière du Gouvernement d’extrême droite Israélien et œuvrer, au contraire, sans relâche pour une solution à deux États. Cela signifie aussi aider activement les États exsangues de la Région qui n’arrivent pas à se relever des dégâts causés par les puissances occidentales et qui aspirent à se reconstruire.

Honorer les victimes des actes de barbarie d’hier s’est œuvrer aujourd’hui à construire la paix pour que, plus jamais, ces horreurs ne se reproduisent.

Vous l’aurez compris, si les lois mémorielles ne peuvent suffire à réparer les maux, elles sont et doivent être des leviers d’espérance et d’action.

Nous espérons enfin que cette proposition de résolution, si elle est votée aujourd’hui, après le vote du Sénat, déclenchera une reconnaissance internationale du génocide des assyro-chaldéens.

Je vous remercie.

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