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Lettre du député #20 (juin 2023)

Cela fait désormais six mois que vous êtes engagés à l’appui du Front syndical contre la réforme des retraites. Qu’est-ce que vous reprochez le plus  à cette réforme ?

Stéphane Peu : Peut-être avant tout son caractère injuste. Pendant la crise de la Covid, le Président Macron regrettait publiquement que les travailleuses et travailleurs essentiels soient aussi mal reconnus. Il avait pour une fois raison. Or cette réforme va justement pénaliser avant tout les salariés qui ont commencé tôt, celles et ceux qui font les travaux les plus pénibles, ou ont eu des carrières hachées. C’est-à-dire bien souvent les travailleurs de la première ligne, les « premiers de corvées » comme on a dit. Belle récompense !

Et puis, je veux aussi souligner le caractère inutile de cette réforme. Les équilibres financiers des caisses de retraite ne sont pas menacés. Il serait même possible de mobiliser des ressources nouvelles, comme les revenus financiers qui aujourd’hui ne cotisent pas, pour financer par exemple le retour à la retraite à 60 ans à taux plein.

Vous dites également que cette réforme fait peser des risques sur la démocratie  ?

SP : L’écrasante majorité des salariés ne veut pas de cette réforme. Les syndicats sont également unanimes pour s’y opposer. Et il n’existe pas de majorité à l’Assemblée nationale pour voter ce texte. Un pouvoir démocratique en prendrait acte et retirerait sa réforme. Pourtant, jamais dans l’histoire de la Ve République, un gouvernement n’aura usé d’autant d’artifices pour imposer, seul contre tous, un projet de loi : procédure accélérée, utilisation du 49.3 et maintenant article 40 pour éviter à tout prix un vote de l’Assemblée nationale.

En quoi est-ce si grave ?

SP : Dans une démocratie, le peuple est le souverain. En s’entêtant ainsi, en n’écoutant pas le peuple, en ne lui donnant pas la parole par le biais d’un référendum, et en contournant l’Assemblée nationale, Macron encourage l’abstention : à quoi bon voter ou s’exprimer si au final cela ne sert à rien ? Et il donne des arguments à ceux qui méprisent la démocratie et défendent les modèles autoritaires.

Quelle peut-être la suite du mouvement ?

SP : La mobilisation doit se poursuivre. Les gens n’ont pas changé d’avis. Les communistes ont lancé une grande pétition pour recueillir plusieurs millions de signatures. Et puis, ce que Macron a fait, une future majorité de gauche peut le défaire.

Il y a beaucoup d’enseignements positifs à tirer du mouvement pour défendre notre retraite. En particulier la cohésion du front syndical devrait être un encouragement à plus d’unité et de travail en commun entre les forces de gauche.

Quelle peut-être la suite du mouvement ?

SP : Le mouvement peut nous servir d’exemple pour mener d’autres batailles. L’une d’elles me semble décisive. Celle des salaires. Les prix flambent, les salaires stagnent, et en même temps, les profits explosent (et personne n’en parle). Je crois nécessaire et possible d’ouvrir ensemble, chacun dans son rôle (syndicats, forces politiques, salariés…) une grande bataille pour arracher une augmentation forte et massive du SMIC. Pourquoi ne pas ouvrir ce chantier ?

C’est pour vous le sujet central ?

SP : Évidemment. C’est de loin la première préoccupation des gens, après deux années consécutives de hausse des prix. Il faut donc agir dans deux directions. Augmenter le SMIC, et dans la foulée, ouvrir une conférence nationale pour l’augmentation de tous les salaires. J’ai déjà déposé plusieurs propositions de loi en ce sens. Et puis il faut agir sur les prix. Le logement est l’une des pistes importantes, car il pèse terriblement dans le budget des ménages. J’ai déposé une proposition de loi proposant par exemple le gel des loyers, et le doublement du forfait charges et du chèque énergie.

On n’imagine pas dans quelles situations intenables se trouvent désormais tant de familles. Il faut s’y attaquer.

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