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Commémoration du 19 mars

A l’occasion de la commémoration du 19 mars en mémoire des victimes civiles et militaires de la guerres d’Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie, je me suis exprimé lors de la cérémonie qui s’est tenue ce matin à Saint-Denis.J’ai notamment rappelé que ce travail de mémoire et de clarté est indispensable, bien-sûr pour celles et ceux qui ont eu à souffrir directement de conséquences de cette guerre et de la décolonisation, mais aussi pour les générations à venir.Car si l’incompréhension du passé nourri l’incompréhension du présent, ce travail de mémoire conduit au contraire à l’apaisement et permet d’envisager un avenir en commun, de paix et de coopération entre les peuples des deux rives de la Méditerranée.

Le texte de mon intervention

Madame, Monsieur,

Le 19 mars 1962 à midi, au lendemain des accords d’Évian, et après huit années d’une guerre sans nom, mais non sans horreur et sans mort, était prononcé le cessez-le-feu entre les forces en présence, mettant ainsi fin à la guerre d’Algérie.

Ce 19 mars 1962, c’est donc d’abord la fin des combats, fin tant attendue par les combattants et les populations après 8 années de souffrances.

C’est bien-sûr un point de départ, pour le peuple algérien, après 132 années de colonisation, et la possibilité pour lui d’exercer enfin, son droit à disposer de son destin.

Mais c’est aussi, en réalité, le jour où nous nous sommes collectivement, engagés sur le chemin d’une guérison nécessaire, chemin sur lequel nous avançons toujours. C’est pourquoi il était bien logique que ce soit à cette date du 19 mars que depuis 2012 et grâce à la loi adoptée sur proposition des députés communistes, la Nation commémore les morts et victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie, et des combats au Maroc et en Tunisie.

L’existence de cette journée de mémoire fût un pas supplémentaire après d’autres, comme la reconnaissance par le Parlement en 1999, reconnaissance tardive mais unanime que la France a bien mené « une guerre » en Algérie entre 1954 et 1962. Que de temps aura-t-il fallut pour prononcer ces mots !

Ce chemin ouvert, nous devons le poursuivre. Nous le devons, en mémoire des morts et de celles et ceux qui ont souffert, comme nous y invitait Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense  : « A tous ceux qui l’ont faite, la guerre d’Algérie a laissé une faille à l’âme. Il faut l’élargir. »

L’élargir, c’est donc ouvrir sa mémoire toute grande.

L’ouvrir aux combattants français et algériens qui sont tombés par dizaines de milliers, et combien de blessés, combien de disparus. C’est l’ouvrir aux civils de France et d’Algérie qui eurent à subir l’angoisse des combats, des attentats et des représailles. C’est l’ouvrir aussi aux français d’Algérie, aux pieds-noirs et aux harkis, arrachés à une terre qu’ils aimaient et dont la vie fût soudain à jamais bouleversée.

Ce chemin de mémoire, devons le poursuivre pour notre peuple, pour les générations qui viennent afin que les errements du passé ne puissent se reproduire. Toute la vérité doit donc être faite sur cette douloureuse page de l’histoire. L’annonce récente du Président de la république, Emmanuel Macron que la loi de 2008 qui prévoit l’ouverture des archives après 50 ans soit enfin appliquée à la guerre d’Algérie, va donc y contribuer.

Il n’est pas d’autres moyens pour guérir et panser les plaies. Certes, il n’est pas simple pour une Nation comme la France, au passé souvent si lumineux, de regarder également en face ce qui le fût moins, et donc son passé colonial.

Mener ce travail, c’est guérir des maux qui nous affligés, puisque comme le dit Aimé Césaire, « la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale ».

Puisque l’incompréhension du passé, nourri l’incompréhension du présent, mener ce travail, c’est bien combattre le racisme, figure centrale du modèle colonial, et qui est une terrible tentation qui tenaille, aujourd’hui encore, la société française,

Mener ce travail, c’est aussi la preuve ultime d’une forme de grandeur, et je rejoins l’homme d’État algérien, Redha Malek, disparu en 2017 qui affirmait que ce travail est « une victoire de la France sur elle-même ».

Le chemin est difficile, le chemin est douloureux, certes, mais il conduit à l’apaisement et exauce le désir des peuples des deux rives de notre Méditerranée, de se forger un avenir en commun, de paix et de coopération. Il faut donc le poursuivre.

Je vous remercie.

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