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Loi Olympique : le sport est le grand absent

L’Assemblée examinait au printemps la loi relative à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.J’ai dit ma déception sur une loi qui ne parle ni de sport, ni la manière de rendre populaire ces Jeux, conditions de leur réussite, et de la diffusion des pratiques sportives.

Par contre, j’ai exprimé mes réserves sur un texte qui sert en réalité de cheval de Troie pour pérenniser des dispositions dangereuses, comme le recours à la vidéosurveillance algorithmique ou la banalisation du travail du dimanche.Comme rapporteur de la mission d’information sur les retombées des Jeux, j’ai eu maintes fois l’occasion de dire à quel point je défends ces Jeux.

J’ai également exprimé mon inquiétude, au moment où le gouvernement fracture comme jamais le pays, la réussite de ses Jeux suppose au contraire qu’il soit rassemblé pour en assurer le succès.

Le texte de mon intervention à l’issue de la CMP

M. le président/Mme la présidente

Mme la Ministre,

Mmes et Mrs les rapporteurs,

Chers collègues,

La loi olympique achève son parcours aujourd’hui. Une loi qui n’aura pas su faire consensus, une loi qui n’est pas à l’image de ce que nous attendons des Jeux, c’est-à-dire un moment de concorde, d’union autour d’un objectif commun, une loi tournée vers le sport et la réussite de cet événement.

Car la préoccupation de votre gouvernement aura été moins le sport et les Jeux que de profiter de cette occasion pour introduire un nombre important de dispositions sans liens directs avec les Jeux, et d’utiliser cette loi pour promouvoir de dangereuses dispositions. J’avais parlé de « cheval de Troie » législatif.

Ainsi, l’article 7 sur le traitement algorithmique de la vidéo-protection est un point de désaccord important et nous regrettons l’obstination du Gouvernement à utiliser les Jeux comme son véhicule législatif.

De même, les nouvelles dérogations au travail dominical ne nous apparaissent pas justifiées. Nous déplorons qu’elles aient été conçues sans y associer les membres de la charte sociale des Jeux.

Enfin, les dispositifs renforçant la répression dans les stades nous apparaissent une mauvaise réponse à la lutte partagée contre la violence dans les stades.

Nous soutiendrons cependant toute une série de mesures, relative à la bonne organisation des Jeux, et à la lutte antidopage, en particulier l’article 5 rédigé de manière respectueuse des compétences de chacun, grâce au travail du président Moetai Brotherson.

Mes chers collègues, je n’ai qu’une préoccupation, une obsession : de Saint-Denis à Tahiti, en passant par Marseille, Châteauroux, les Jeux ne seront réussis que s’ils sont populaires. Les événements sportifs comme la semaine olympique, doivent se multiplier, et du contenu doit être mis derrière les labels, comme Terre de Jeux, génération 2024 etc..

Avec Stéphane Mazars, nous menons une mission d’information sur les retombés des Jeux. Ce que nous dit le mouvement sportif, le sport scolaire et universitaire, c’est qu’ils avaient beaucoup d’espoirs dans les Jeux pour enclencher des politiques publiques et des moyens en faveur de la pratique mais que pour l’instant c’est encore beaucoup trop timide.

Vous l’avez-vous-même dit Madame la Ministre, le sport à l’école est la mère des batailles. Mais il faut en convaincre le ministre de l’Education nationale, mettre fin aux centaines de suppression de postes de professeurs d’EPS depuis le dernier mandat. Surtout, il faut consacrer l’EPS comme véritable matière et nos propositions sont sur la table depuis la proposition de loi sur la démocratisation du sport du précédent quinquennat.

Nous souhaitons 4 heures d’EPS au collège pour toutes et tous, sa présence comme épreuve à part entière dans le diplôme national du brevet.

Nous souhaitons voir se développer l’USEP qui existe dans 20% des établissements pour l’instant, mais qui licencie 700 000 enfants. A l’instar de l’UNSS, le sport scolaire est la passerelle entre l’école et les clubs. C’est un outil autrement plus puissant que les 30 minutes d’activité quotidienne.

Nous souhaitons également la nomination d’un référent EPS dans chaque école parmi les professeurs, épaulés par des conseillers pédagogiques de circonscription à dominante EPS confortés dans leur mission.

Il y a tellement à faire, profitons des Jeux pour impulser une grande loi cadre sur le sport, donnant une trajectoire budgétaire ascendante pour le sport, lui qui ne représente que 0,3% du budget de l’État et qui pourtant est si présent dans la vie de nos concitoyennes et concitoyens.

Alors, au lendemain de cette loi, mettons-nous enfin au travail pour construire ce service public du sport, en faveur d’une culture sportive pour toutes et tous, que nous souhaitons construire.

Madame la ministre, la Seine-Saint-Denis accueille le Centre aquatique olympique. C’est une excellente nouvelle. Nous accueillerons également des nouveaux bassins. Mais si dans deux, trois ou quatre ans, il y a toujours plus d’un enfant sur deux du département qui ne sait pas nager, alors toutes les médailles rapportées par nos athlètes ne pourront masquer l’échec des jeux.

Enfin, je ne veux pas terminer sans dire mon inquiétude sur l’un des gros enjeux : le transport. Les difficultés sont importantes et tout le monde s’accorde à dire que l’ouverture à la concurrence des bus en région parisienne au 31 décembre 2024 dans ce contexte serait tout à fait déraisonnable.

Il faut y surseoir, que l’on soit opposé à la privatisation comme je le suis, ou favorable au principe. Il en va de l’intérêt des salariés et des usagers et nous vous proposerons, le 4 mai prochain, un texte allant dans ce sens.

Pour toutes ces raisons, comme en première lecture, nous nous abstiendrons sur ce texte.

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