Cet-après-midi, lors de la séance des questions au gouvernement, j’ai interpellé ce dernier sur l’absence de mesures de justice sociale dans son plan de relance de 100 milliards.Pourtant, alors même que nous venons d’apprendre que 1 million de personnes supplémentaires étaient tombés sous le seuil de pauvreté depuis mars dernier, France Stratégie a dû reconnaître que l’effet combiné des allègements fiscaux et de la suppression de l’ISF avait fait exploser les revenus des 0,1 % plus riches !

Au nom des députés communiste et de l’exigence de justice sociale, j’ai demandé la mise à contribution de cet enrichissement exceptionnel de quelques uns, par un impôt exceptionnel, un impôt Covid, au bénéfice de tous.

Retrouvez ma question et la réponse arrogante du ministre Dussopt.

Le texte de mon intervention

Monsieur le Premier ministre,

La semaine dernière nous avons appris « en même temps » de France Stratégie que l’effet combiné de vos décisions sur l’allègement fiscal des dividendes et la suppression de l’ISF, ont fait exploser les revenus des plus riches, et d’autre part du Secours populaire que depuis le début de la crise du Covid, un million de personnes supplémentaires ont vu leur vie basculer dans la pauvreté.

Désormais, dans la 6^e puissance économique du monde, 10 millions de nos compatriotes dépendent des banques alimentaires, ne savent plus comment payer leur loyer, l’eau et l’électricité, renoncent aux soins et vivent la peur au ventre.

Ces nouveaux captifs de la pauvreté sont des intérimaires, des extras, des personnes en fin de CDD, des saisonniers et des chômeurs en fin de droits qui ne bénéficient pas, ou plus, de la couverture chômage en raison de votre réforme.

Ce sont des indépendants, commerçants, artisans, auto-entrepreneurs…

Ce sont aussi des étudiants et des jeunes qui n’ont droit ni au RSA ni au chômage, et dont les premiers pas dans la vie se feront sur un chemin d’angoisse.

Bref, ce sont les premiers de corvée et les cobayes de la startup nation.

M. le Premier ministre, pour faire face à cette vague de pauvreté inédite depuis la 2^nde guerre mondiale, pouvez-vous, à défaut de vous réinventer, au moins vous amender et tirer enseignement de vos erreurs ?

Alors que notre pays traverse une crise exceptionnelle,

allez-vous mettre la justice sociale au cœur de votre plan de relance,

allez-vous enfin mettre à contribution l’enrichissement exceptionnel de quelques-uns par un impôt exceptionnel, un impôt « covid », au bénéfice de tous ?

La réponse du ministre Olivier Dussopt

Le Gouvernement et la majorité ont pris leurs fonctions après deux quinquennats caractérisés par le même mouvement : l’augmentation des prélèvements obligatoires, en particulier pour les ménages même si une inflexion a été aménagée pour les entreprises, au milieu du quinquennat précédent, avec le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi – CICE. La ligne du présent gouvernement est différente : il s’agit de baisser les impôts et nous baissons les impôts comme jamais. Fin 2021, la baisse d’impôts atteindra 45 milliards d’euros, la moitié au bénéfice des entreprises, l’autre moitié au bénéfice des ménages. Pour ces derniers, la diminution dépasse 20 milliards, dont 10 milliards correspondent à la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des Français – bien loin des 0,1 % des plus riches que vous stigmatisez ! À cela s’ajoutent la défiscalisation et l’exonération de cotisations sociales des heures supplémentaires, dont on sait pertinemment que ce sont les ouvriers, les employés et les classes moyennes qui en font le plus. S’y ajoute aussi la baisse de l’impôt sur le revenu pour les deux premières tranches, à hauteur de 5 milliards. C’est aussi ce gouvernement qui, en plus de ces baisses d’impôts, a appliqué la plus grande revalorisation des minima sociaux et le reste à charge zéro. C’est grâce à ce gouvernement que, si vous avez besoin de changer de lunettes, si vous avez besoin de soins dentaires ou de prothèses auditives, vous n’avez pas de reste à charge à payer– et vous devriez vous en féliciter ! C’est ce gouvernement qui fait preuve de la plus grande solidarité vis-à-vis des plus fragiles, et qui, contrairement à vous, s’attaque aux inégalités à la racine plutôt que de se contenter d’en traiter les symptômes. C’est cette majorité qui a de quoi être fière – fière de ce qu’elle fait, fière de ce que nous faisons ! Les leçons de solidarité, monsieur Peu, nous n’en avons pas besoin !