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ADP : « Le pays ne veut plus que les biens communs soient bradés »

Au nom du million de signataires en faveur d’un référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris, le député communiste Stéphane Peu enjoint Emmanuel Macron, dans une tribune au « Monde » (samedi 14 décembre 2019), de recourir à l’article 11 de la Constitution pour organiser un référendum législatif.

Le cap de un million de signataires demandant un référendum sur la privatisation de la société publique ADP (ex-Aéroports de Paris) vient d’être franchi cette semaine. C’est un événement considérable, inédit dans l’histoire de notre République.
Et pourtant, que d’embûches sur le chemin des citoyens qui souhaitent donner leur avis sur l’avenir d’équipements aussi stratégiques que nos aéroports : un site internet hors d’âge pour voter, inutilisable et décourageant un grand nombre de votants ; le black-out complet du gouvernement ; l’absence de campagne d’information dans l’audiovisuel public sur l’existence de cette consultation.

Un signe très fort

Alors même que le gouvernement s’offre une campagne de communication sur mesure sur les radios pour vanter les mérites de sa « réforme » des retraites, les 248 députés et sénateurs qui ont voté le référendum d’initiative partagé (RIP) sur ADP se sont vu refuser la possibilité de financer quelques secondes d’antenne sur les ondes de Radio France pour informer le pays de l’existence de cette consultation. Scandaleux !

Dans ces conditions, ce cap d’un million est un signe très fort. Il résonne avec tant d’autres mobilisations, celles des infirmières, des policiers, des « gilets jaunes », des personnels de l’éducation nationale et bien sûr l’immense vague qui s’est levée jeudi 5 décembre contre la casse de notre système de retraites. A partir de vécus différents, tous disent à peu près la même chose : après trente ans de politiques libérales, de reculs successifs des services publics et de privatisations, le pays n’avalera pas une cuillerée de plus des remèdes libéraux qui prétendaient guérir et qui ont tout brisé.

Le pays ne veut plus que les biens communs soient bradés. A l’image du front uni qui a su rassembler la gauche parlementaire et une partie de la droite, ce million de signataires signe la diversité de ce front citoyen qui veut prendre la parole. Dans un contexte de profonde crise démocratique, cet appétit pour le débat et à la participation n’est pas un geste de défiance, c’est au contraire une chance qu’il faut saisir.

« Aller plus loin »

Au lieu de se retrancher derrière le vote de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, votée au printemps) ordonnant la privatisation d’ADP, Emmanuel Macron a la faculté de s’assurer que cette aspiration à la démocratie directe ne soit pas déçue. Le 25 avril 2019, lors de la conférence de presse qu’il a organisée à l’issue du Grand débat national, il avait indiqué vouloir « aller plus loin sur le référendum d’initiative partagée qui a été créée il y a maintenant onze ans dans notre Constitution en en simplifiant les règles, en permettant que l’initiative puisse venir de citoyens, un million de citoyens ».
Puisque le seuil du million est d’ores et déjà dépassé, avec 248 parlementaires, nous demandons au président de la République de prendre lui-même l’initiative d’organiser un référendum législatif, prérogative que lui reconnaît l’article 11 de la Constitution, sans attendre l’aboutissement hypothétique de la procédure du RIP. Le pays n’a rien à y perdre. La démocratie a tout à y gagner.

Stéphane Peu (Député (PCF) de la Seine-Saint-Denis)

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