Mur de la honte à la Porte de la Villette : ma question au gouvernement
Lors des questions au gouvernement, j’ai interpellé le Premier ministre et le ministre de l’intérieur sur la scandaleuse décision de déplacer une scène de crack parisienne vers la Seine-Saint-Denis et d’ériger un mur formalisant l’apartheid social qui inspire cette démarche.
Le double discours sur les quartiers populaires, ça suffit. Les habitantes et les habitants de la Seine-Saint-Denis ne supportent plus d’être décrit un jour par le Président de la République comme la « Californie », et le lendemain être traités comme une « réserve d’indiens » sur laquelle il serait possible de se débarrasser des sérieux problèmes qu’on ne veut pas régler ailleurs.
J’ai demandé, sans succès au vu de la réponse de M. Darmanin, de faire cesser au plus vite cette occupation indécente, d’apporter une réponse sécuritaire mais aussi sanitaire de soin des toxicomanes, et surtout que la Seine-Saint-Denis soit enfin respectée.
Le texte de mon intervention
M. le Premier Ministre,
Mardi dernier nous vous avons accueilli à la Préfecture de Bobigny, et vous avez, en rappelant votre enracinement provincial, affirmé être très attaché à ce territoire urbain, jeune et prometteur. Ces propos nous nous sommes allés droit au coeur.
Mais hélas, votre déclaration d’amour du mardi n’a pas survécu à la décision du vendredi de votre gouvernement qui a choisi de déplacer une scène de crack parisienne vers la Seine-Saint-Denis et d’ériger un mur.
M. le Premier ministre, dans notre département nous ne supportons plus le grand écart entre les paroles et les actes. Nous ne supportons plus d’être décrit un jour par le Président de la République comme la « Californie », et le lendemain être traités comme une « réserve d’indiens ». Pas plus que les autres, nous ne tolérons de vivre au milieu des trafics.
Au moment où un polémiste haineux sature les médias et déclare que « la Seine-Saint-Denis n’est plus la France », ne voyez-vous pas qu’en agissant ainsi vous lui donner un sérieux coup de main ?
M. le Premier ministre, à quoi sert de nous avoir longuement mobilisés, ici-même, pour débattre sur le séparatisme, si c’est pour renforcer un apartheid social aux portes de Paris ?
A quoi sert votre plan « Un État plus fort en Seine-Saint-Denis », bâti à partir de notre rapport parlementaire, si c’est pour reporter sur ce territoire les sérieux problèmes qu’on ne veut pas régler ailleurs ?
Comment voulez-vous donner crédit aux valeurs de la République et de solidarité nationale, en déplaçant la misère et la détresse sociale dans les quartiers populaires ?
M. le Premier ministre, quelles décisions entendez-vous prendre :
- pour faire cesser au plus vite cette occupation indécente ;
- pour apporter une réponse sécuritaire mais également sanitaire en mettant les toxicomanes à l’abri et en les soignant ;
- et pour qu’enfin la Seine-Saint-Denis et la dignité de ses habitants soient respectées.