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Ecole : j’interroge le ministre Blanquer sur le rattrapage scolaire

Hier matin, j’ai interrogé le ministre de l’Éducation Nationale sur les conséquences du confinement, aggravant en raison de fractures scolaire, sociale et numérique, le risque de décrochage pour des millions d’élèves.

Malgré la bonne volonté et l’engagement des enseignants, la reprise actuelle de l’école n’est pas vraiment une rentrée, au mieux un « accueil pédagogique » selon les mots d’un enseignant de ma circonscription.

Il faudra un rattrapage et des moyens appropriés qui permettent un lissage de programmes afin qu’il n’y ait pas d’impasse qui aggraveraient les inégalités.

Le texte de mon intervention

Monsieur le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, depuis le 16 mars, 12 millions d’élèves ont quitté leurs classes et leurs enseignants. Où en sommes-nous dix semaines plus tard ? À l’évidence, le confinement des élèves a accentué les fractures sociales, scolaire et numérique. Il ne pouvait pas en être autrement, car on sait que l’accès au savoir n’est pas le même d’une famille à une autre, que les conditions de vie, notamment d’habitat, diffèrent considérablement d’une famille, d’un département ou d’une catégorie sociale à l’autre et que le décrochage numérique est une réalité pour bon nombre de familles. Certaines zones rurales comportent des zones blanches et certaines familles ne possèdent qu’un seul ordinateur, voire un seul téléphone portable. En outre, il n’y a pas eu, durant cette période, la dynamique pédagogique de la classe, à laquelle se sont souvent substituées des disputes dans la fratrie pour savoir qui disposerait du seul lien numérique de la famille. On ne peut donc pas considérer qu’il y ait eu continuité pédagogique pendant le confinement : il y a ceux pour qui les liens ont été totalement rompus, ceux pour qui ils ont été maintenus par les efforts des parents et des enseignants, mais pour qui l’enseignement s’est fait en pointillé – des pointillés parfois très espacés –, et aussi, fort heureusement, ceux qui ont pu continuer l’apprentissage.

Notre système éducatif ne peut pas fonctionner sans l’école, sans les classes, sans les enseignants, sans les dynamiques de groupe. Comme vous l’avez fait à plusieurs reprises, je tiens à saluer l’implication et le courage dont ont fait preuve les enseignants pour maintenir coûte que coûte le lien pédagogique pendant cette période, à force d’innovation, de mobilisation et, parfois, d’engagement personnel très fort.

Depuis le 11 mai, la reprise est engagée. Elle est, on le sait, très partielle et se fait sur la base du volontariat, dans des conditions qui peuvent être très différentes d’un endroit à un autre selon la configuration des villes et des classes et selon la sociologie des communes ou des quartiers, mais s’il ne s’agit plus du confinement, ce n’est pas non plus la reprise de l’école. De fait, ce n’est pas de la garderie, mais pas vraiment non plus de l’école. Dans ma ville, un enseignant me parlait d’« accueil pédagogique ».

La question du rattrapage des semaines de confinement est donc posée et j’imagine que vous-même et votre ministère y réfléchissez. Comment faire pour ne pas pérenniser ce trou noir de trois mois, quels que soient les moyens mis en œuvre ? Est-il envisagé, comme le proposent certains universitaires et enseignants, d’opérer au cours des années prochaines un lissage des trois mois de programme qui n’auront pas pu être étudiés, afin que ce retard ne soit d’aucune manière entériné, ce qui creuserait un peu plus les inégalités ?

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