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Journée nationale des mémoires de l’esclavage

J’étais très heureux de participer à la commémoration organisée par M. le Maire de Villetaneuse, Dieunor Excellent, pour la Journée nationale des mémoires de l’esclave, une journée instaurée il y a plus de 20 ans sous l’impulsion de Madame Taubira.

A cette occasion, j’ai bien sûr rendu hommage à la mémoire des 13 millions d’hommes et de femmes qui furent déportés d’Afrique vers l’Amérique du XVIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Mais j’ai également pointé les conséquences, notamment économiques qui aujourd’hui encore, pèsent sur les peuples qui ont eu à subir ce crime contre l’humanité. Sans parler du racisme, qui est le sous-bassement de la traite négrière et qui malheureusement continue de prospérer.

Le texte de mon allocution

Monsieur le Maire,

Mesdames et messieurs les élu·e·s,

Mesdames et messieurs,

Nous commémorons ensemble la journée nationale des mémoires de l’esclavage. Il y a 21 ans était votée sous l’impulsion de Mme Taubira, la loi reconnaissant la traite négrière comme un « crime contre l’humanité ». C’est un pas important qui fût ainsi franchi.

Commémorer, c’est tenter de jeter un regard lucide sur le passé. L’histoire ne doit pas rester muette face aux crimes qui la traversent car comme le dit Elie Wiesel « Le bourreau tue une deuxième fois par le silence. »

Nous le devons aux millions de victimes, notamment aux 13 millions qui furent déportés d’Afrique vers l’Amérique du début du XVIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle. L’esclavage et la traite négrière sont bel et bien un crime contre l’humanité, qui a brisé des dizaines de générations d’hommes et de femmes.

Mais commémorer, c’est aussi se donner les moyens de mieux comprendre notre présent, pour le changer, pour le rendre meilleur. Commémorer, c’est ainsi reconnaître que ce crime a blessé profondément et durablement notre monde, nos sociétés, et même jusqu’aujourd’hui, modelé les structures économiques et sociales.

Ainsi d’Haïti dont l’indépendance que son peuple arracha en 1804, fût payée à prix d’or à la France à partir de 1824, suscitant un endettement tel que ses conséquences continuent aujourd’hui encore de peser terriblement sur le développement de ce pays. Pendant des siècles, c’est une véritable ponction vitale qui s’est exercée sur un continent, sur des peuples, consolidant l’essor économique des uns au détriment de l’avenir des autres.

Les conséquences de ce crime se perpétuent, et elles ne sont pas seulement économiques. Elles imprègnent encore nos manières de voir. Car pour légitimer ce commerce ignoble, il fallu fabriquer tout l’attirail du racisme et d’une infériorité décrétée aux hommes, aux femmes et aux enfants d’Afrique. Oui, aujourd’hui encore, les conséquences de ce crime sont source de représentations inégalitaires et racisées et nourrie une colère légitime et prompte à ressurgir, comme celle de nos compatriotes des Antilles, lorsqu’ils dénoncent le drame de l’usage du chlordécone, longtemps autorisé en Guadeloupe et en Martinque quand il était interdit dans l’hexagone parce que dangereux.

Il faut dire que le racisme, qui est le socle idéologique premier qui justifia l’asservissement de tant d’hommes et de femmes, ce racisme insupportable a pu ces derniers temps s’exprimer sans retenue dans le pays, notamment à l’occasion de la campagne des présidentielles. 

Alors oui, co-mmémorer, c’est-à-dire « se souvenir ensemble », est le prix indispensable à payer pour ne laisser libre cours aux divisions et aux haines.

Car comme l’exprimait le poète Edouard Glissant : « L’oubli offense, et la mémoire, quand elle est partagée, abolit cette offense. Chacun de nous a besoin de la mémoire de l’autre, parce qu’il n’y va pas d’une vertu de compassion ni de charité, mais d’une lucidité nouvelle dans un processus de la Relation. Et si nous voulons partager la beauté du monde, si nous voulons être solidaires de ses souffrances, nous devons apprendre à nous souvenir ensemble. »

Je vous remercie.

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